Une édition que l’on préfèrerait passer sous silence !
« Rien que de l’eau, de l’eau de pluie, de l’eau de là-haut… »
Vendredi 18 avril
Le week-end pascal débutait pourtant sous d’heureux auspices. Nous nous étions donné rendez-vous à Ribérac, sur le lieu de rassemblement, salle André Malraux, pour le retrait de nos dossiers. À seize heures, le soleil était bien présent contrairement à notre copain Michel B. qui avait déclaré forfait au cours des jours précédents. Nous n’étions plus que sept valeureux Cyclos Randonneurs du Quercy à tenter l’aventure en Nouvelle Aquitaine parmi les quatre cents participants officiellement inscrits sur cet événement. Nous sommes loin, très loin des records d’affluence pour ce type de manifestation. Nous croisons nos amis Bob et Mary, des amis du Lot, qui sont également venus retirer leur enveloppe d’inscription. L’ambiance n’est pas à la fête, la place André Pradeau est calme. À l’exception d’un apiculteur et d’un responsable de l’office du tourisme, il n’ y a pas d’autres exposants. Rien pour nous encourager à nous attarder. Nous décidons de rallier notre camp de base que Michel P. a établi à une vingtaine de kilomètres de Ribérac, en Charente, à l’écart du discret village de Montignac-le-Coq, entre coteaux et vallons.
Le propriétaire du gîte nous accueille chaleureusement autour d’un pot de bienvenue (jus de fruits et Pineau des Charentes) et nous offre un bouquet de muguet très odorant (en guise de porte-bonheur). La spacieuse et confortable maison individuelle, aux portes du Périgord Blanc, est une ancienne grange rénovée appartenant au hameau des Fosses.
Samedi 19 avril
Où est passé le ciel bleu de la veille ? Il a plu et venté toute la nuit. « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille »… et aux escargots. Nous troquons nos vélos contre des parapluies et nous voilà en chemin, bien décidés à faire le tour de la commune rurale de Montignac-le-Coq. Le travail à ferrer nous sert d’abri et André scrute la montée des eaux, penché au-dessus du puits à l’entrée du village.
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C'est du beau travail! |
La place de l’église paroissiale Sainte-Croix et du cimetière offre un large panorama de coteaux et de vallons. Au fil des heures qui s’égrènent lentement, nous comprenons que nous allons devoir adapter le programme de ces trois jours et faire du tourisme « tout court » en retirant le préfixe « cyclo ». Joseph nous propose de nous rendre à Aubeterre-sur-Dronne (« Alba Terra » - terre blanche) afin de visiter l’église souterraine (ou rupestre) Saint-Jean, monument invisible établi sous le château, de vingt-sept mètres de long sur seize mètres de large et vingt mètres de haut.
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Une église creusée dans le rocher |
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Des piliers monolithiques |
Taillé dans la falaise, l’accès ressemble plutôt à celui d’une grotte. Une courte accalmie nous permet de flâner dans les ruelles de cette ancienne place forte de l’Angoumois avant de regagner la permanence à Ribérac où nous attend monsieur le maire et son vin d’honneur. Monsieur le maire nous parle de Ribérac avec enthousiasme et nous rappelle que sa ville a été fondée au 12ème siècle par Arnaud Daniel, qui était un troubadour. Il est sincèrement navré de nous accueillir avec une météo déplorable. Il va sans dire que les cyclos sont les bienvenus.
Autour de l’apéritif qui nous est offert et servi par les bénévoles, nous échangeons avec des connaissances. Claude s’entretient avec Henri Bosc et la conversation s’oriente vite sur la Sierra Nevada et l’ascension du Pico Veleta. Puis Henri Bosc nous montre son ouvrage : « Dans la roue de l’ apôtre du 650 ». Il est intarissable et nous ne voyons pas la soirée défiler.
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Claude et Henri Bosc, l'apôtre du “650” |
Dimanche 20 avril
La malchance nous poursuit. La pluie battante et continue, qui s’était invitée hier, squatte désormais la région. La Dronne et les cours d’eau sont en crue, la faute à des précipitations hors du commun. Nous apprenons par le journal Sud Ouest que le rassemblement « Pâques en Périgord » est « annulé » ou plutôt « suspendu ». Pour André, le moral n’y est pas. « Toute la pluie tombe sur moi, tout va de guingois car toute la pluie tombe sur moi de tous les toits… ». Il décide de plier bagage et de s’en retourner dans le Lot avant la mise en place des déviations pour chaussées inondées.
Bien à l’abri sous nos parapluies, nous partons en exploration sur les chemins environnants. Viviane compte les lombrics qui tentent la traversée des routes. Dicton du jour : « Si le matin, tu croises un lombric sur ton chemin, alors prends bien soin de ne point oublier ton pépin ! ».
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Les parapluies de Montignac-le-Coq |
Joseph aperçoit une cocotte (celle-ci n’est pas en chocolat) qui sort de l’étang et traverse le sentier. C’est une poule d’eau, une poule mouillée !
Les moutons sont sous la pluie… mais la bergère n’est pas là ! « Il pleut, il pleut bergère presse tes blancs moutons ».
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Moutons |
Nous regagnons notre belle chaumière afin d’y taper le carton, passe-temps incontournable pour s’occuper par temps de pluie.
Lundi 21 avril
Au petit-déjeuner, Robert disserte sur la couleur des nuages qui « pèsent comme un couvercle », comme disait Baudelaire, sur les coteaux de Montignac-le-Coq. Il évoque plusieurs nuances de gris. Les couleurs du ciel sont merveilleuses, et tout est question de nuances ! La pluie s’est arrêtée. Juste le temps pour Robert de finaliser un parcours, et nous voilà partis, Robert, Claude et moi sur de petites routes humides mais tranquilles. De leur côté, Viviane, Michel et Joseph optent pour une randonnée pédestre.
Robert s’est inspiré du parcours initialement prévu le samedi par l’organisation. Nos cinquantaine kilomètres nous conduisent à Palluaud, Auriac-de-Bourzac (nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée pour notre ami Michel… Bourzat !
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Auriac-de-Bourzac |
Suivent quelques jolis sites : le château de Mirador, construit vers 1860 par une famille espagnole…
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Le Mirador |
Le château de Vendoire…
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Château de Vendoire |
Le château de Champagne…
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Robert et Claude à Champagne |
Puis Fontaine, Cherval, Saint-Martial-Viveyrol, Saint Séverin et Montignac-le-Coq.
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Église de Saint-Martial-Viveyrol |
Nous sommes de retour à l’hébergement sur les coups de midi, heureux d’avoir défié la pluie, satisfaits de notre modeste exploit. Mais voilà qu’un autre événement nous vole la vedette. Toutes les chaînes télévisées bousculent leurs programmes avec l’annonce de la mort du pape François.
Joseph nous fausse compagnie en début d’après-midi. Nous ne sommes plus que cinq à nous rendre à Ribérac, là où tout a commencé vendredi. La place André Pradeau est déserte, les portes de la salle André Malraux sont closes. Nous passons à travers les gouttes pour visiter la commune et l’église Notre Dame de la Paix, église à coupoles, construite dans un style néo-byzantin inspiré par la cathédrale Saint-Front de Périgueux.
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Notre Dame de la Paix, à Ribérac |
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Mairie de Ribérac |
Le fil conducteur de ce séjour, vous l’aurez compris, aura été la pluie et ce n’était pas tout à fait ce que nous avions espéré même si nous avons su garder un état d’esprit positif.
« Ce ne fut pas un Pâques beau ! » a déclaré Michel, ce à quoi Robert a rajouté : « C’était plus près du sous-marin que du paquebot ! ». Mais que diable sommes-nous allés faire en cette galère ? Un séjour sans bière et sans pique-nique, sans vélo donc sans crevaison, qui l’eût cru ?
Si « Pâques en Périgord 2025 » est tombé à l’eau, a fait un flop, il reste à espérer que l’événement ne se soit pas noyé à jamais.
Texte : Marie-Ange
Photos : Marie-Ange, Claude, Michel P.
Et pourtant, l'astre tant recherché était sur notre route…
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Chemin du soleil ! |